Mes racines salées

« maman, ça sent la mer »

 

Je me rappelle avoir dit cette phrase à la hauteur de La fromagerie des Basques à chacun de nos séjours pour retourner à la « maison » le temps de quelques jours.

La grève me rappelle la majorité de mes souvenirs d’enfance. Les deux pieds, fesses, mains dans le sable. Ma mémoire a enregistré le goût de l’air salé sur mes petites joues rouges, le sable qui se faufile entre mes orteils ou le vent qui chatouille chacun de mes cheveux au soleil. Outre mes sens, il y a mamie qui rit de nos simagrées avec son rire si unique qui sait bercer mon petit cœur de jeune fille, même dans mes pires moments d’adolescente ou maintenant, d’adulte.

J’ai longtemps eu un sentiment d’amertume lorsque je retournais « à la maison ». Tant m’en vouloir d’être aussi bien, mais de toujours devoir retourner à mon « chez moi » dans les Cantons plutôt que sur le bord de la mer. Cette fois-ci, j’ai donc choisi de prendre le temps de serrer la main à ce fameux sentiment amer et de comprendre le pourquoi du comment.

C'est avec humilité que je vous laisse prendre part à mon court voyage. C'est aussi avec incertitude que je me prete au jeu de la créativité émotionnelle. Nouveau et inconnu, je laisse mes doigts tracé le dessin de mes images sur cette page, beaucoup trop blanche pour peindre ma personnalité si colorée.

Des éléments si familiers, mais pourtant je n’étais toujours pas « à la maison ». Le vent soufflait la tempête, le café était si bon qu’il me rappelait mon « chez moi » et le pain si savoureux qu’on aurait pu si m’éprendre pour celui de mamie Thérèse « à la maison ».

Ce petit village situé entre les sommets et l’horizon bleu me rappelle grandement mon voyage sur la côte ouest. Mon amour profond pour les deux reliefs est comblé et de doux souvenirs virevoltent avec le souffle de la brise.

BROUILLARD ET DÉBROUILLARDISE

À bord de notre vaisseau pas spatial du tout, la brume pesante de chaleur suivait le même trajet que nous sur la route de la Gaspésie. Incertaine d’avoir la chance de capturer quelques moments de notre première journée sur mes terres natales, j’ai pu sortir à quelques reprises équipées de ma volonté et de mon chapeau aucunement imperméable.

L’INCONTOURNABLE

 

C’est dans la première courbe du parc national de Forillon que tu te dis

« Veux-tu bien me dire pourquoi je ne suis pas venu ici avant de me booker un tout inclus à Cuba ? ».

Garni de fleurs et d’une palette de couleur que tu aimerais bien avoir dans ta cuisine ou plutôt à la place de ton voisin dans ta fenêtre de salon, le parc Forillon n’a définitivement rien à envier à personne.

C’est aussi l’endroit où j’allais mettre des pansements sur mon petit cœur écorché par les incompréhensions de la vie. Loin de « la maison » et de « mon chez-moi », je croyais qu’être seule allait me ressourcer et me permettre de démêler ma propre personne. Devenir meilleure et ainsi, peut-être faire disparaitre ce petit boulet dans ma gorge afin de devenir une vraie femme forte. Comme maman, mamie et toutes ces femmes inspirantes qui ont croisé mon chemin.

Aujourd’hui, je comprends qu’être bien entouré est le meilleur bandage que tu pourrais utiliser.

Aujourd’hui, Forillon me fait du bien sans avoir le fardeau de me reconstruire. Parce que bien qu’un endroit peut aider, c’était à moi de prendre le temps de recoller les morceaux et d’en faire une œuvre d’art.

LE FAMEUX ROCHER SOUS UN AUTRE ANGLE

Parce que je crois qu’on a compris qu’il y a un trou et que franchement, il ne m’inspirait pas du tout cette matinée. J’ai tout de même décidé de faire ma petite randonnée habituelle, tôt le matin. Mon appareil photo au cou, mon café Julius fraîchement fait dans la van et mon Loup les oreilles dressées, prêt pour l’aventure. Inspirer. Expirer. Frais. Salé.

J’ai remarqué que si tu es attentif, il est possible de différencier les résidents des voyageurs. Non pas par leur kodak au cou (comme moi), mais par leur sourire. Il y a un petit quelque chose de spécial, de recherché. Tu essayeras la prochaine fois. Parce que c’est vrai que les Gaspésiens sont chaleureux. Ils ont toujours la porte ouverte, un cipâte sur le comptoir avec un jeu de cartes dans la poche arrière. Sans parler du pied dansant sur les classiques musicaux. Chez mamie Marcelle c’est du Elvis et chez Gemma c’est les parties de TOC remplis d’enthousiasme.

John pourrait confirmer que les soirées de cartes sont toujours accompagnées de p’tits cris çà et là. De stratégies grandement complexe, mais surtout de fou rire interminables qui rendent larmes mêmes aux grands mauvais perdants d’entre nous. On prend beaucoup de place avec les gens qu’on aime, parce qu’on aime fort, tellement fort.

PHARE « IN & OUT »

ÊTRE NAVIGATEUR LE TEMPS D’UN VOYAGE

J’ai une peur bleue de l’eau, pourtant je l’aime d’un amour inconditionnelle. Elle m’effraie par sa force, sa grandeur et ses secrets. Je l’admire pour la façon dont elle réussi à adoucir une tornade de pensée, à mettre la petite étincelle dans un moment banal ou nous réapprendre à respirer.

La p’tite boule dans ma gorge s’explique, finalement. Mon enfance, mes souvenirs et mes expériences ont si peur d’être oubliés. Peur que le monde d’adulte prenne le dessus sur mes petits moments magiques. C’est cette petite boule remplie de nostalgie qui se cache derrière tout les moments que je souhaite figer dans le temps. C’est avec ma caméra que j’ai su apprivoiser la nostalgie du temps et apprendre à apprécier la vie comme elle vient. C’est en prenant le temps de prendre le temps que j’apprivoise l’essence de chaque moment.

GASPÉSIENNE DE SOUCHE

Crue, toute en douceur.

Une exposition d’un grain de sable de ma passion et de ma personne.